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vendredi 20 avril 2007

"L'oeil torve", la blonde et les Gauloises

Une histoire de sale con dans un cabinet de consultants. Merci à la blonde, et bon courage pour la suite…



Embauchée en 14 octobre 2002 en tant qu’assistante d’équipe en CDI, je découvre la culture de cette nouvelle société de conseils. L’assistante de direction me présente mon hiérarchique : bouh !!, un homme de 50 ans environ, le visage tellement rouge qu’on a envie d’se dire « mais quand est-ce qu’il passe au vert ? », la clope au bec et une voix me disant « bonjour jeune demoiselle »… un vieux mélange entre Garou et Michel Sardou… son regard me fait penser à celui des pigeons.. de ceux qui vous regardent en coin (enfin, qui regarde comme par hasard les seins…) du coup je l’ai surnommé « l’œil torve ». Il m’a l’air sanguin et très anxieux… la brioche et un léger début de calvitie.
Allons, allons, méthode Coué : « ne pas s’arrêter au physique, ne pas s’arrêter au physique… ».

J’ai 24 ans à l’époque et je n’ai que deux consultants « à charge » mais j’ai beaucoup à apprendre et ne suis aucune formation. « L’œil torve » m’appelle depuis son bureau en hurlant. Nos bureaux sont mitoyens mais cela n’empêche pas que je reçoive de lui un mail de 40 lignes me donnant des directives quant à mon travail. Non, décidément, faire 10 mètres et dire tout cela en face à face, c’est trop dur. Bonjour la communication.
Je suinte un beau spécimen de sale con. D’une part parce que ce hiérarchique oppresse l’équipe maintenant de 4, les stresse et leur fixe des objectifs inatteignables. Il arrive que j’ai leurs femmes au téléphone : « Quoi ? encore en déplacement ? il m’a promis d’être avec les enfants ce week-end. » Allez répondre à ça..
Un an et demi se passe comme ça. Je découvre mon sale con de responsable d’équipe qui, sous ses airs charmeurs façon vieille France, s’amuse à déstabiliser et à ne pointer que les points faibles avec ironie et rires en coin. Je me souviens avoir le sentiment de devoir me justifier sans cesse de mes erreurs et le voir faire un geste de la main m’indiquer d’arrêter.. comme si je me cherchais des excuses… c’était plutôt humiliant.
Lorsqu’il est au téléphone et que je passe devant son bureau, je suis sûre qu’il va m’appeler d’un claquement de doigt… je rentre… il enquille clope sur clope, son bureau ressemble à un sauna mais en bien dégueulasse, qui laisse de la suie sur le bureau. Il indique du doigt le siège en face de son bureau.. et là je m’assois. Je crois qu’il n’en a pas pour longtemps mais je peux rester comme ça 10min-20min. Je tente parfois l’esquive et la négociation gestuelle pour revenir en montrant ma montre en faisant un playback sur « je reviens dans 5 min »… mais il m’indique qu’il n’en a pas pour longtemps.
Pauvre con… tu me fais perdre mon temps, tu me fais respirer tes Gauloises, tu me parles comme à ton chien, tu cherches à m’intimider, à assouvir ton pouvoir, pouvoir avoir le spectacle d’une jeune blonde impressionnée et empotée… que c’est agréable.

Dans mon bureau, j’ai aussi droit à une plus grande proximité mais jamais tactile. En revanche, il aime se mettre derrière moi très près pour m’expliquer quelque chose à l’écran… pour s’excuser, j’ai droit à une main sur mon épaule mais qui me donne vite la nausée.

Fin 2003, cela fait 1 an et demi déjà… changement de responsable. « L’œil torve » est muté à Toulouse. Tant mieux, un homme rouge dans la ville rose… ça l’adoucira peut être.

Le nouveau responsable faisait déjà partie de l’équipe en tant que consultant. 48 ans, 15 ans de boite, tout aussi anxieux, exigeant, mais plus jovial et transparent.

Début 2004 : Premier entretien salarial avec ce responsable : « si j’avais eu à choisir une assistante, ça n’aurait pas été toi mais une assistante plus expérimentée ». BAM !. Bon, je positive et prends cela comme un défi à relever.. mais je ressens comme un début de pression, l’impression que je vais devoir faire mes preuves et que je n’aurai pas droit à l’erreur. Il faut travailler dans l’urgence systématiquement et accepter de retrouver son café froid le soir.
Les premiers mois sont terribles en stress, je me suis suffisamment formée sur le tas mais des nouveaux outils informatiques sont à utiliser. La direction du groupe licencie au fur et à mesure le service informatique centralisé à Paris et licencie également notre correspondant informatique local : perte de temps au téléphone, souffrance des 4 qui restent dans le service car supportant le travail de 10 à l’origine… le réseau pète sans arrêt, le matériel plante, bourrage papier et problème imprimante, les PC rament… on se marre bien.

De 2004 à 2006 : le travail est pénible. Je tiens le choc. Le nouveau responsable me sollicite beaucoup mais n’encadre pas vraiment l’équipe.. j’ai l’impression que chacun fait bien ce qu’il veut du moment que les 115 % d’objectif leur permettent de toucher leur prime de fin d’année.

Quotidiennement, je découvre que mes anciens « gentils consultants » adoptent la culture d’entreprise, c'est-à-dire « chacun pour soi et m’emmerdez pas ».

Résultat, certains adoptent l’attitude du sale con à caractère égoïste sous de faux airs comiques.

Peu à peu je perds en autorité et j’ai de plus en plus l’impression d’emmerder mon équipe au plus haut point lorsque je mendie un document administratif. Je tiens bon car je refuse de recourir au chantage pour avoir ces documents, chose que font les autres assistantes : résultat, les ambiances des autres équipes avoisinent le 0.

Seulement, l’humour, j’en ai. Mais lorsqu’il blesse et m’empêche de travailler, je dis « stop ».

Début 2007 : dépression manifeste. La médecine du travail décèle un signal de détresse. Je tombe en larmes. On me refourgue le kit intégral du dépressif : suivi psy et antidépresseurs.
Là, c’est sûr, je vais me marrer…

Et puis vient un sentiment de colère contre tous ces cons.. cette équipe de 9 mecs pour 1 fille, ces mecs qui se foutent de tout, qui me sollicitent 15 fois par jour mais me répondent « oh tagueule » lorsque je demande quelque chose.

Nan les mecs, c’est fini. J’ai essayé de créer un esprit collectif, même auprès des assistantes… mais non… surtout n’innovons pas, surtout restons bien tranquilles dans nos bureaux et à refourguer les tâches de merdes à la plus gentille des assistantes qui a un bureau ouvert avec la personne qui tient le standard à l’entrée, vous savez, la blonde de l’entrée qui sourit tout le temps et rend service, celle qui propose des cafés aux visiteurs, celle qui accueille les clients, celle qui se charge de la gestion des bureaux de l’étage, celle qui commande le café, les fournitures, les bonbonnes d’eau, les réservations de vidéoprojecteur, les salles de réunion, les lavages de flûtes à champagne, les visioconférences… toutes ces choses qu’elle s’est attribuée pour « faire plaisir », « être agréable », « pour le bien de l’entreprise », « pour une ambiance chaleureuse », « un esprit d’équipe », mettre des p'tites blagues au coin café pour égayer… seulement la blonde de l’entrée fait le même travail que les autres sales connes d’assistantes qui en foutent pas une et ont des bureaux de ministres… et faudra penser à surtout pas leur demander autre chose que leur fonction d’assistante d’équipe. Alors ça retombe sur la poire… mais la poire en a marre.

« Tiens ya plus d’café ! », « Zut ya plus d’papier », « c’est où le papier ? » … comme par hasard, panique dans la chaumière, la maîtresse de maison en a ras le bol.. en plus elle s’est pris dans la gueule 1 % d’augmentation et 0 prime.. foutage de gueule ?

Ouais t’es sympa chef : tu me dis que tu aurais choisi une autre assistante, une plus expérimentée… t’en connais beaucoup qui amènent les croissants en réunion d’équipe ? qui reviennent pendant les vacances de Noël ? qui font le boulot d’un chef d’équipe fin 2006 car il y a changement de chef et qu’aucun des deux ne veut faire la clôture budgétaire ? Sûrement pas beaucoup…

Alors qu’il n’assiste pas à mon entretien salarial et qu’il fait dire par le biais de mon nouveau responsable début 2007 (comme je le vois sur mon compte-rendu !!) que « je ne suis pas faite pour cela car j’ai une âme littéraire.. mais que je suis “gentille et de bonne volonté” »… je me gausse…
Ne vous en faites pas les sales cons, je vais quitter cette organisation de merde égoïste rapace à fric.

Je souhaite bonne chance à la prochaine et je file faire un bilan de compétences.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Courage demoiselle !!!! Des boites j'en ai fait quelques unes et les assistantes étaient considérées à leur juste valeur. On vient juste d'en recruter une d'ailleurs et tout le monde se met en 4 pour l'intégrer agréablement...

Conclusion : le problème ne vient pas de toi !!! Casse toi de cette boite minable et viens faire le bonheur d'autres personnes moins frustrées de vivre...

Bon courage !!