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ETES-VOUS UN SALE CON ?

mardi 24 avril 2007

Votre futur chef est-il un sale con ? Une checklist…

Nouveau billet de Robert Sutton… Il s'est bien amusé (nous aussi).




Je me suis bien amusé récemment, avec Guy Kawasaki notamment, à établir une checklist pour permettre d’évaluer si un futur chef peut être un sale con. Vous pouvez voir le billet de Guy sur l’art d’éviter un patron-sale con. Ici, je fais le point sur la liste de 10 questions. Vous pouvez demander aux gens que vous connaissez ayant travaillé pour votre chef potentiel de répondre à ces questions.
Voir les réponses à ces questions avant de prendre le boulot peut vous éviter beaucoup de désillusions. Un des points clés dans Objectif Zéro-sale-con, c’est que l’un des moyens les plus efficaces pour éviter d’être laminé par des sales cons (et en devenir un vous-même), c’est de « résister dès le commencement » (pour citer Léonard de Vinci), autrement dit d’éviter de travailler pour un sale con ou de rejoindre une organisation totalement infestée. Voici donc notre liste.


1 « Lèche-bottes/botte-culs
– « Comment le futur chef se comporte-t-il avec les personnes d’un rang supérieur et avec celles d’un rang inférieur ? »
– « Pouvez-vous donner des exemples précis ? »
Une caractéristique des sales cons certifiés est qu’ils ont tendance à rabaisser ceux qui ont moins de pouvoir qu’eux et à cirer les pompes de leurs supérieurs.

2. Zéro critique
– « Comment le futur chef supporte-t-il la critique ou le blâme quand cela devient un peu chaud ? »
Méfiez-vous des gens qui critiquent tout le temps les autres mais ne tolèrent pas même une dose minimale de critiques à leur égard…

3. Pétage de plombs
- « Dans quelles situations avez-vous vu le futur chef perdre son sang-froid ? »
La colère est parfois justifiée, ou peut même être efficace si elle est utilisée avec parcimonie, mais quelqu’un qui « tue le messager » trop souvent peut générer un climat de peur.
– « Est-ce que les collègues sont effrayés à l’idée de prendre l’ascenseur avec lui ? »…

4. La maison ne fait pas crédit
– « Quel style décrit le mieux le futur chef : il reconnaît le mérite sans contrepartie, il le reconnaît aux bonnes personnes, ou il croit que chacun devrait être son propre champion ? »
Cette question vise à savoir si la personne peut avoir tendance à prendre le mérite sur lui sans reconnaître le travail de son équipe.

5. Cancer généralisé …
- « Que disent les anciens collaborateurs ?
Les sales cons sont généralement connus pour répandre la zizanie dans les équipes et susciter des conflits improductifs. Certes le monde entier semble bien vouloir tolérer les sales cons qui ont du talent, mais cela ne signifie pas que devez aussi le faire.

6. Incendiaire
- « Quel genre d’email envoie le patron en question ? »
La plupart des sales cons ne peuvent pas se retenir dans le courrier électronique : incendier les gens, mettre le monde entier en copie, utiliser la copie cachée pour se couvrir. Analyser les en-têtes de ses emails est une véritable porte ouverte sur son âme.


7. Déprimant
- « Quel genre de personnes trouvent difficiles de travailler avec le chef en question ? »
- « Quel genre de personnes semblent facilement travailler avec le chef en question ? »
Soyez attentif aux réponses qui suggèrent que seules les personnes très volontaires ou très motivées travaillent mieux avec cette personne : les sales cons ont tendance à laisser autour d’eux des gens déprimés et découragés.

8. Jouer perso
- « Est que le futur chef partage l’information pour le bénéfice de tous ? »
La tendance à cacher son jeu (c’est-à-dire la répugnance à partager l’information) est le signe que la personne considère ses collègues comme des adversaires qui doivent être battus pour pouvoir avancer.

9. Cordon protecteur
- « Est-ce que les gens prendraient ce futur chef dans leur équipe ? »
Parfois, cela met tout sens dessus dessous d’avoir un sale con dans votre équipe, mais cela n’a pas d’importance si les autres membres de l’équipe refusent de travailler avec cette personne. Cette question vous permettra de déterminer si le bénéfice d’avoir la personne en question dans votre équipe l’emporte sur les inconvénients liés à son comportements de sales cons.

10. Apparition
- « Que se passerait-il si un exemplaire d’Objectif Zéro-sale-con apparaissait sur le bureau du futur chef ? »
Méfiez-vous si la réponse est : « Tous aux abris… »



Voilà les 10 questions. J’adorerais que vous me donniez vos autres trucs permettant d’éviter de choisir un sale con pour chef – ou bien les signes qui auraient dû vous alerter avant d’aller bosser avec cette enflure.

lundi 23 avril 2007

Bob Sutton parle des assholes

Mais attention, cela se mérite : il faut être anglophone pour le comprendre.

Prêt ? C'est ici

Les sales cons risquent de faire la (grande) gueule


Sophie de Menthon et Karim Zeribi présenteront Objectif Zéro-sale-con tous les jours de cette semaine dans l'émission "Les grandes gueules", sur RMC, de 11h à 14h. Ils feront même gagner des exemplaires du livre aux auditeurs…
En attendant l'émission, vous pouvez aussi les retrouver sur leur blog.

vendredi 20 avril 2007

Appel à témoin : cherche sale con…

Certifié ou pas. Repenti ou non. En activité ou à la retraite. Fier de l'être ou qui se soigne.

C'est pour un reportage télévisé : le journaliste peine à trouver un sale con qui accepte de témoigner (au besoin de façon anonyme).

Alors si quelqu'un se reconnaît dans le portrait du sale con et veut en savoir plus sur le reportage (cela n'engage à rien), merci d'envoyer un message : je transmettrai.

Entre collègues…

... On s'entraide. (Tous les lecteurs de ce blog vous le confirmeront.)



Pas d'histoire de sale con pour ce billet, bien au contraire.


Mais une histoire d'éléphant


A moins que ce ne soit une histoire de
cerf en rut



Besoin d'explication ? C'est par ici

"L'oeil torve", la blonde et les Gauloises

Une histoire de sale con dans un cabinet de consultants. Merci à la blonde, et bon courage pour la suite…



Embauchée en 14 octobre 2002 en tant qu’assistante d’équipe en CDI, je découvre la culture de cette nouvelle société de conseils. L’assistante de direction me présente mon hiérarchique : bouh !!, un homme de 50 ans environ, le visage tellement rouge qu’on a envie d’se dire « mais quand est-ce qu’il passe au vert ? », la clope au bec et une voix me disant « bonjour jeune demoiselle »… un vieux mélange entre Garou et Michel Sardou… son regard me fait penser à celui des pigeons.. de ceux qui vous regardent en coin (enfin, qui regarde comme par hasard les seins…) du coup je l’ai surnommé « l’œil torve ». Il m’a l’air sanguin et très anxieux… la brioche et un léger début de calvitie.
Allons, allons, méthode Coué : « ne pas s’arrêter au physique, ne pas s’arrêter au physique… ».

J’ai 24 ans à l’époque et je n’ai que deux consultants « à charge » mais j’ai beaucoup à apprendre et ne suis aucune formation. « L’œil torve » m’appelle depuis son bureau en hurlant. Nos bureaux sont mitoyens mais cela n’empêche pas que je reçoive de lui un mail de 40 lignes me donnant des directives quant à mon travail. Non, décidément, faire 10 mètres et dire tout cela en face à face, c’est trop dur. Bonjour la communication.
Je suinte un beau spécimen de sale con. D’une part parce que ce hiérarchique oppresse l’équipe maintenant de 4, les stresse et leur fixe des objectifs inatteignables. Il arrive que j’ai leurs femmes au téléphone : « Quoi ? encore en déplacement ? il m’a promis d’être avec les enfants ce week-end. » Allez répondre à ça..
Un an et demi se passe comme ça. Je découvre mon sale con de responsable d’équipe qui, sous ses airs charmeurs façon vieille France, s’amuse à déstabiliser et à ne pointer que les points faibles avec ironie et rires en coin. Je me souviens avoir le sentiment de devoir me justifier sans cesse de mes erreurs et le voir faire un geste de la main m’indiquer d’arrêter.. comme si je me cherchais des excuses… c’était plutôt humiliant.
Lorsqu’il est au téléphone et que je passe devant son bureau, je suis sûre qu’il va m’appeler d’un claquement de doigt… je rentre… il enquille clope sur clope, son bureau ressemble à un sauna mais en bien dégueulasse, qui laisse de la suie sur le bureau. Il indique du doigt le siège en face de son bureau.. et là je m’assois. Je crois qu’il n’en a pas pour longtemps mais je peux rester comme ça 10min-20min. Je tente parfois l’esquive et la négociation gestuelle pour revenir en montrant ma montre en faisant un playback sur « je reviens dans 5 min »… mais il m’indique qu’il n’en a pas pour longtemps.
Pauvre con… tu me fais perdre mon temps, tu me fais respirer tes Gauloises, tu me parles comme à ton chien, tu cherches à m’intimider, à assouvir ton pouvoir, pouvoir avoir le spectacle d’une jeune blonde impressionnée et empotée… que c’est agréable.

Dans mon bureau, j’ai aussi droit à une plus grande proximité mais jamais tactile. En revanche, il aime se mettre derrière moi très près pour m’expliquer quelque chose à l’écran… pour s’excuser, j’ai droit à une main sur mon épaule mais qui me donne vite la nausée.

Fin 2003, cela fait 1 an et demi déjà… changement de responsable. « L’œil torve » est muté à Toulouse. Tant mieux, un homme rouge dans la ville rose… ça l’adoucira peut être.

Le nouveau responsable faisait déjà partie de l’équipe en tant que consultant. 48 ans, 15 ans de boite, tout aussi anxieux, exigeant, mais plus jovial et transparent.

Début 2004 : Premier entretien salarial avec ce responsable : « si j’avais eu à choisir une assistante, ça n’aurait pas été toi mais une assistante plus expérimentée ». BAM !. Bon, je positive et prends cela comme un défi à relever.. mais je ressens comme un début de pression, l’impression que je vais devoir faire mes preuves et que je n’aurai pas droit à l’erreur. Il faut travailler dans l’urgence systématiquement et accepter de retrouver son café froid le soir.
Les premiers mois sont terribles en stress, je me suis suffisamment formée sur le tas mais des nouveaux outils informatiques sont à utiliser. La direction du groupe licencie au fur et à mesure le service informatique centralisé à Paris et licencie également notre correspondant informatique local : perte de temps au téléphone, souffrance des 4 qui restent dans le service car supportant le travail de 10 à l’origine… le réseau pète sans arrêt, le matériel plante, bourrage papier et problème imprimante, les PC rament… on se marre bien.

De 2004 à 2006 : le travail est pénible. Je tiens le choc. Le nouveau responsable me sollicite beaucoup mais n’encadre pas vraiment l’équipe.. j’ai l’impression que chacun fait bien ce qu’il veut du moment que les 115 % d’objectif leur permettent de toucher leur prime de fin d’année.

Quotidiennement, je découvre que mes anciens « gentils consultants » adoptent la culture d’entreprise, c'est-à-dire « chacun pour soi et m’emmerdez pas ».

Résultat, certains adoptent l’attitude du sale con à caractère égoïste sous de faux airs comiques.

Peu à peu je perds en autorité et j’ai de plus en plus l’impression d’emmerder mon équipe au plus haut point lorsque je mendie un document administratif. Je tiens bon car je refuse de recourir au chantage pour avoir ces documents, chose que font les autres assistantes : résultat, les ambiances des autres équipes avoisinent le 0.

Seulement, l’humour, j’en ai. Mais lorsqu’il blesse et m’empêche de travailler, je dis « stop ».

Début 2007 : dépression manifeste. La médecine du travail décèle un signal de détresse. Je tombe en larmes. On me refourgue le kit intégral du dépressif : suivi psy et antidépresseurs.
Là, c’est sûr, je vais me marrer…

Et puis vient un sentiment de colère contre tous ces cons.. cette équipe de 9 mecs pour 1 fille, ces mecs qui se foutent de tout, qui me sollicitent 15 fois par jour mais me répondent « oh tagueule » lorsque je demande quelque chose.

Nan les mecs, c’est fini. J’ai essayé de créer un esprit collectif, même auprès des assistantes… mais non… surtout n’innovons pas, surtout restons bien tranquilles dans nos bureaux et à refourguer les tâches de merdes à la plus gentille des assistantes qui a un bureau ouvert avec la personne qui tient le standard à l’entrée, vous savez, la blonde de l’entrée qui sourit tout le temps et rend service, celle qui propose des cafés aux visiteurs, celle qui accueille les clients, celle qui se charge de la gestion des bureaux de l’étage, celle qui commande le café, les fournitures, les bonbonnes d’eau, les réservations de vidéoprojecteur, les salles de réunion, les lavages de flûtes à champagne, les visioconférences… toutes ces choses qu’elle s’est attribuée pour « faire plaisir », « être agréable », « pour le bien de l’entreprise », « pour une ambiance chaleureuse », « un esprit d’équipe », mettre des p'tites blagues au coin café pour égayer… seulement la blonde de l’entrée fait le même travail que les autres sales connes d’assistantes qui en foutent pas une et ont des bureaux de ministres… et faudra penser à surtout pas leur demander autre chose que leur fonction d’assistante d’équipe. Alors ça retombe sur la poire… mais la poire en a marre.

« Tiens ya plus d’café ! », « Zut ya plus d’papier », « c’est où le papier ? » … comme par hasard, panique dans la chaumière, la maîtresse de maison en a ras le bol.. en plus elle s’est pris dans la gueule 1 % d’augmentation et 0 prime.. foutage de gueule ?

Ouais t’es sympa chef : tu me dis que tu aurais choisi une autre assistante, une plus expérimentée… t’en connais beaucoup qui amènent les croissants en réunion d’équipe ? qui reviennent pendant les vacances de Noël ? qui font le boulot d’un chef d’équipe fin 2006 car il y a changement de chef et qu’aucun des deux ne veut faire la clôture budgétaire ? Sûrement pas beaucoup…

Alors qu’il n’assiste pas à mon entretien salarial et qu’il fait dire par le biais de mon nouveau responsable début 2007 (comme je le vois sur mon compte-rendu !!) que « je ne suis pas faite pour cela car j’ai une âme littéraire.. mais que je suis “gentille et de bonne volonté” »… je me gausse…
Ne vous en faites pas les sales cons, je vais quitter cette organisation de merde égoïste rapace à fric.

Je souhaite bonne chance à la prochaine et je file faire un bilan de compétences.

mardi 17 avril 2007

Objectif Zéro-sale-con en Allemagne et en France

Il y a quelques jours, Bob Sutton a laissé ce billet sur son blog, nous en traduisons une partie. Il demande aux lecteurs français leur avis et des histoires sur les sales cons…

Adapté du billet de Robert Sutton "The No Asshole Rule: International Update"



Objectif Zéro-sale-con est maintenant paru dans plusieurs pays. J’ai déjà écrit sur Der Arschloch Faktor, qui est paru en Allemagne 6 mois avant de paraître aux Etats-Unis. Les gens me demandent parfois pourquoi.
En fait, l’industrie du livre est tellement étrange que j’ai l’impression que personne ne peut vraiment le comprendre, mais la raison pour laquelle Der Arschloch Faktor est sorti aussi tôt, c’est – notamment – parce que nous pouvions coupler un petit tour promotionnel avec la fameuse Foire de Francfort d’octobre, la plus grande rencontre d’éditeurs du monde. Der Arschloch Faktor s’est bien vendu en Allemagne. Il est resté sur plusieurs listes de best-sellers pendant plusieurs semaines, et comme aux Etats-Unis, l’éventail des supports où l’on en a parlé est sidérant : du tabloid Bild (un des articles était sur la même page que la photo de la topless), qui est l’un des journaux les plus largement diffusé en Europe. Un autre papier est paru dans la plus respectable version allemande du Financial Time, et un article a été récemment publié dans Chrismon, une publication de l’Eglise luthérienne lue par 1,5 millions d’Allemands.

La nouvelle de la semaine, c’est qu’Objectif Zéro-sale-con vient de sortir en France, et les premiers résultats sont prometteurs. Le livre était tout juste arrivé en librairie, et il a déjà été dans les 10 premières ventes d’Amazon.fr. Mon éditeur m’a envoyé une capture d’écran prise le 12 avril où il a été pendant quelque temps n°1.

Je serais très curieux d’apprendre des lecteurs français des choses sur l’apparente attraction que le livre exerce, et la façon dont les spécificités de la culture française influencent le comportement des sales cons, et aussi la façon dont on les traite et dont les organisations françaises s’arrangent pour les laisser à l’extérieur (ou peut-être les encouragent sans le savoir, comme dans tant d’entreprises américaines).

lundi 16 avril 2007

Un petit tour d’horizon des usages d’Objectif Zéro-sale-con

Voici une traduction du billet du jour de Robert Sutton. Liste non exhaustive, à compléter…




J’ai reçu au moins 50 emails sur Objectif Zéro-sale-con cette semaine, et j’ai donné des conférences sur le livre devant trois publics : un groupe d’environ 20 officiers de renseignement à Dallas, une assemblée de 200 avocats et 300 de leurs clients à Phoenix, et environ 150 personnes à Stanford. J’ai appris des choses étonnantes sur l’usage que les gens font du livre, et sur leurs réactions. Je me suis dit que cela pouvait être assez drôle de faire un tour d’horizon. Sept usages ont pu être référencés. Objectif Zéro-sale-con peut être utilisé comme :

1. Un message anonyme adressé à un sale con. Un officier de police de San Francisco m’a écrit et appelé, complètement désespéré, parce qu’on lui avait donné le livre de façon anonyme avec un message à l’intérieur du genre : « lisez ce livre, vous en avez besoin ». Il ne semblait pas très content. Il avait l’air de croire que c’était moi qui avait écrit le message, ou peut-être même que c’était moi qui l’avait envoyé. Ce n’était pas le cas.

2. Un dispositif de protection contre les sales cons. Une avocate a raconté qu’elle exhibait un exemplaire du livre à son bureau car elle pensait que cela pouvait inciter les clients et ses collègues à être plus gentils avec elle.

3. Un outil de formation. J’ai eu des messages de personnes de trois organisations différentes (parmi lesquelles une firme juridique et une entreprise de services financiers) où des représentants des ressources humaines organisent des ateliers où ils utilisent le livre.

4. Un outil de management des sales cons. Le DRH d’une université a reçu le livre des mains de son patron (le doyen) pour les aider tous les deux à réfléchir à la façon de gérer les « accrochages » avec « les mêmes harceleurs, connards, enflures et trous du cul que vous avez décrits dans votre livre ».

5. Un prétexte pour subir les foudres de son sale con de patron. Une employée de bureau avait laissé le livre sur son bureau. Son patron lui a dit de rapporter le livre chez elle parce que cela gênait les autres. Elle pense que la seule raison pour laquelle son patron voulait qu’elle se débarrasse du bouquin, est qu’il est lui-même un sale con – et refuse de l’admettre.

6. Une façon d’égarer les esprits pour les sales cons. Une responsable des ressources humaines m’a dit hier que son patron (un parfait sale con) avait trois exemplaires du livre sur son bureau. Elle ne parvenait pas à déterminer si cela signifiait qu’il n’avait aucune conscience de l’effet qu’il produisait chez les autres, ou au contraire qu’il s’était rendu compte du problème, ou même qu’il voulait essayer de faire un effort pour changer. Mais eut-être a-t-il acheté les bouquins uniquement pour le chapitre « les sales cons ont aussi leurs vertus ».

7. Une justification pour les entreprises qui ont déjà une politique anti-sale-con. J’ai reçu aussi de très nombreux emails là-dessus, et eu une charmante conversation avec l’ancien DG de Washington Mutual qui, dans les années 80, avait mis en place une telle politique anti- (ils utilisaient « l'expression » en interne, même s’ils employaient un langage plus châtié à l’usage du public externe)…

vendredi 13 avril 2007

Un direct contre les sales cons

Ce sera lundi matin (16 avril) sur LCI, dans l'émission "On en parle", de 10h à 11h.

Hervé Laroche répondra aux questions de Valérie Expert et aux questions du public. Professeur à l'ESCP-EAP, il a rédigé la "Présentation de l'édition française" d'Objectif Zéro-sale-con.

Mes petits trucs pour résister aux sales cons

Ci-dessous une adaptation du billet de Bob Sutton Tips for Victims of Workplace Assholes
On trouve d'autres "trucs" dans le chapitre 5 d'Objectif Zéro-sale-con : "Quand les sales cons sont au pouvoir : la trousse de survie"



J’ai déjà beaucoup parlé des diverses méthodes permettant de supporter patrons et collègues abusifs. Certains de ces trucs viennent de vos commentaires et e-mails, d’autres d’Objectif Zéro-sale-con, et d’autres encore de recherches académiques. Mais j’ai présenté jusqu’ici ces petits trucs par morceaux, et il me semble qu’il pourrait être utile de lister certaines de ces méthodes les plus efficaces en un seul endroit.

Avant les autres petits trucs, l’un d’entre eux représente à lui seul une catégorie complète, c'est LA LECON LA PLUS IMPORTANTE : FUYEZ SI VOUS LE POUVEZ. La meilleure chose à faire si vous êtes coincé sous la coupe d’un sale con (ou d’une troupe de sales cons), c’est de vous sortir de là le plus vite possible. Sinon vous risquez fort de souffrir des dommages personnels et de vous transformer vous-même en sale con. Se comporter en trou du cul n’est pas juste le propre de quelques pervers qui seraient nés comme ça ; c’est une maladie contagieuse.
Mais la fuite n’est pas toujours possible ; comme me l’a écrit une femme : « Je dois nourrir ma famille et payer ma maison, et il n’y a pas beaucoup de boulot par ici qui payent suffisamment bien pour cela. »
Alors voici mes meilleurs trucs pour survivre dans des lieux de travail infestés de sales cons que vous ne pouvez pas fuir (ou, en tout cas, pas tout de suite).

1. Essayez d’abord la confrontation polie. Certaines personnes ne veulent pas vraiment se comporter en sale con. Elles peuvent être surprises si vous leur faites savoir en douceur qu’elles sont en train de vous rabaisser et vous humilier. Certaines autres rabaissent les gens volontairement, mais pourront peut-être s’arrêter si vous leur faites face, poliment, mais fermement. Une employée de bureau m’a écrit un jour que son patron était un « sale con en chef » (il était auparavant sergent-chef dans l’armée, où il était connu pour sa méchanceté). Il s’est trouvé que le « sale con en chef » la laissa tranquille du jour où elle le regarda fixement et lui dit : « votre comportement est inacceptable et je ne l’accepterai pas ».

2. Si un tyran continue de vous harceler, limitez au maximum vos contacts avec cette enflure. Essayez d’éviter les réunions avec le connard. Préférez les contacts téléphoniques. Restez poli, mais ne divulguez pas d’informations personnelles pendant les réunions ou les contacts de quelque nature qu’ils soient, et notamment les échanges de courriers électroniques. Si l’enflure dit ou écrit quelque chose de méchant, essayez de ne pas lui rendre la monnaie de sa pièce ; cela pourrait vous faire rentrer dans le cercle vicieux de l’empoisonnement par les sales cons. Ne vous asseyez pas pendant les réunions si vous pouvez l’éviter. Des recherches récentes suggèrent que les réunions debout sont tout aussi efficaces que les réunions assises, mais plus courtes. Essayez donc de vous rencontrer dans des pièces dépourvues chaises, et évitez de vous asseoir avec des sales cons : votre exposition à leurs abus sera plus limitée.

3. Trouvez du plaisir à remporter des « petites victoires » sur les sales cons. Si vous n’arrivez pas à réformer ou éliminer les harceleurs, trouvez des petits moyens pour garder le contrôle et vous battre : cela vous donnera confiance et pourra convaincre le tyran de vous laisser tranquille. Comme cette productrice de radio qui me disait qu’elle était tyrannisée par son patron qui, notamment, lui volait constamment de la nourriture dans le tiroir de son bureau ! Elle fabriqua alors un bonbon avec un laxatif au goût de chocolat, et le laissa dans son bureau. Comme d’habitude, il le mangea sans lui demander la permission. Quand elle dit au voleur ce que c’était que ce bonbon, « il n’était pas très content ».

4. Cultivez l’indifférence et le détachement émotionnel – apprenez à ne pas laisser un sale con affecter votre esprit. Les gourous du management et les grands chefs n’arrêtent pas de déblatérer sur l’importance de l’engagement, de la passion, et de se donner tout entier dans son boulot. C’et un bon conseil si vos patrons et vos collègues vous traitent en être humain. Mais si vous travaillez avec des gens qui vous traitent comme de la merde, ils ne méritent pas que vous mettiez votre passion et votre engagement à leur service. Entraînez vous à suivre le courant sans vous laisser affecter. Ne laissez pas leur actes et leurs paroles perverses vous toucher au fond de vous même. Apprenez à pratiquer une forme « d’engourdissement de confort » jusqu’à ce que vous trouviez un boulot qui mérite votre passion et votre engagement plein et entier.

5. Tenez votre « journal du sale con », où vous consignerez soigneusement tout ce que fait le trou du cul et quand cela se produit. Une fonctionnaire m’a envoyé un email très détaillé sur la façon dont elle tenait un tel journal pour se débarrasser d’une collègue méchante et raciste : « Je notais tout ce qu’elle faisait avec les dates et les heures… en fait j’ai tenu un “journal de sale conne”. J’ai encouragé ses autres victimes à faire de même et ces relevés écrits et signés ont été présentés à notre directeur. Nos chefs savaient que cette personne était une sale conne mais ne faisaient rien pour l’arrêter. Jusqu’à ce qu’ils recoivent ce relevé. La sale conne partit pour de mystérieuses vacances, qu’aucun directeur ne put remettre en cause, et elle n’est jamais revenue. » De même, un vendeur m’a écrit qu’il était le meilleur vendeur de son groupe, jusqu’à ce qu’il ait une leucémie, et curieusement sa performance se ralentit pendant sa chimiothérapie. Son chef l’appela tout les jours alors pour lui hurler dessus en lui disant à quel point il était incompétent, et ensuite il doubla ses objectifs de vente. Le vendeur finit par trouver un meilleur travail, mais comme il avait fait un bon dossier, son patron fut démis de ses fonctions.

jeudi 12 avril 2007

A lire en attendant d'autres histoires de sales cons…

Pour ceux qui ont raté Le Parisien de mardi dernier, et son supplément Economie, vous pouvez consulter sur leur site leur dossier intitulé "Ces salariés qui mènent la vie dure à leurs collègues" dans la rubrique, "le fait de la semaine" (une enquête de Mathieu Deslandes).

Sur le site de LCI ce matin, un article : "Comment éradiquer les sales cons ?". Les internautes n'hésitent pas à faire des commentaires…

Enfin, un billet sur le blog "planetargonaute" sous le titre explosif : "Les trous du cul qui se prennent pour des volcans"

mercredi 11 avril 2007

Non, il n'y a pas que les cons qui osent tout…

... N'en déplaise à Michel Audiard.
La preuve : cette lettre reçu aujourd'hui. Celui qui l'a écrite n'est manifestement ni un con ni un sale con…… Et il a même une sacrée dose d'humour, en plus d'un culot indéniable. Allez, il nous a bien fait rire, pour la peine, on lui envoie le bouquin, "à titre gracieux, pédagogique et exceptionnel" bien sûr. Mais que cela ne donne d'idée saugrenue à personne d'autre : il fallait être le premier à avoir l'idée !

mardi 10 avril 2007

Le DAF et les porte-flingues

Une nouvelle histoire. Merci au rédacteur anonyme, ainsi qu'au dessinateur (non anonyme) qui a bien voulu que nous illustrions l'histoire avec son délicieux petit dessin (qui originellement, vient de ).


Je vais vous raconter une histoire qui m’est arrivée il y a une quinzaine d’années. C’est en lisant Objectif Zéro-sale-con que j’ai souhaité la partager, et plus particulièrement après l’excellent avant-propos, où est évoquée la « nazification » de l’entreprise.

Si on nous rabâche les oreilles avec le vocabulaire guerrier en vigueur dans ce monde global et compétitif qui est maintenant le nôtre, paraît-il, on passe bien vite sur ce qu’est au fond une guerre : « le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas » écrivait Paul Valéry.

J’étais directeur administratif et financier d’une PME qui ne se portait pas très bien, et qui appartenait à un petit groupe, dont les actionnaires et propriétaires, eux, se portaient fort bien.

Ils avaient racheté peu de temps avant une autre PME, prospère et provinciale, que nous avions la tâche peu glorieuse de fermer.

Le directeur administratif et financier de cette filiale, qui avait toujours été amical et paternel avec moi, tout à son souhait de sauver les emplois de ses collègues, avait commis une erreur.

C’était une maladresse bien plus qu’une malhonnêteté intentionnelle.

Mais nos actionnaires furent trop heureux de trouver là l’occasion de se débarrasser d’un homme qui coûtait fort cher à licencier. Ils m’envoyèrent deux porte-flingues pour que j’entame une procédure de licenciement pour faute grave, avec l’ultime argument : « Si ce n’est pas vous qui le faites, nous le ferons et ce sera bien pire pour tout le monde. »

Cela ne vous rappelle rien ? Quelque Obersturmfürher en uniforme vert de gris, demandant à des innocents de choisir d’autres innocents pour servir d’otages ? Si on n’obéit pas, c’est le massacre assuré, mais si on obéit, c’est la complicité de crime de guerre.

Mon patron de l’époque, intelligent, sympathique et plutôt moral, était fort embarrassé. Il l’était tellement qu’il rajouta à mon endroit un bon argument : « je ne ferai rien sans vous » me dit-il en m’appelant chez moi un dimanche matin, probablement pour que je me sente plus à l’aise !

Et nous voilà à organiser le psychodrame, bourreaux sur commande d’une victime expiatoire qui ne nous avait rien fait.

Notre collègue fut en larmes dès le premier entretien.

Mais nous n’étions que des bourreaux d’occasion, des ordures de pacotille en quelque sorte. Et pendant que j’organisais cette sombre affaire le jour, la nuit je conseillais ma victime, qui, dans son désarroi, n’avait pas trouvé d’autre recours que son accusateur.

C’est sur mon conseil qu’il prît un avocat, que mon patron connaissait. Nous espérions ainsi arriver à un accord plus rapidement, sans trop nous salir les mains. L’avocat était intègre : il conseilla à son client d’aller en justice, son dossier étant vide. Le chaos s’installait, et ma seule consolation était que je n’avais visiblement aucune prédisposition pour l’assassinat en bande.

Après diverses péripéties ubuesques et sans rapport avec les théories connues de l’organisation, un accord fut signé. Les sentiments des uns et des autres étaient contrastés : les porte-flingues de l’actionnaire trouvaient qu’on avait mal négocié (ils avaient raison), mon patron ne comprenait plus très bien pourquoi nous avions fait tout ça, notre victime, curieusement, nous était reconnaissante de tout ce qu’on avait fait pour lui. Pour ma part, je cultivais mon sentiment de culpabilité, nourri contradictoirement par les soupçons justifiés de nos commanditaires et la gratitude désespérée de celui que j’étais censé exécuter.

Quelques mois plus tard, les mêmes porte-flingues viraient mon patron, décidaient de fermer notre boîte, et me demandaient de virer tout le monde en finissant par moi. J’avais beaucoup grandi en quelques semaines, et négociais des conditions de départ plus que correctes pour tous. À sale con, sale con et demi.



« Complice, complice, c’est comme auteur. Nous en sommes les complices, nous en sommes les auteurs. Complice, complice, c’est autant dire auteur.

Celui qui laisse faire est comme celui qui fait faire. C’est tout un. Ça va ensemble. Et celui qui laisse faire et celui qui fait faire ensemble, c’est comme celui qui fait, c’est autant que celui qui fait. C’est pire que celui qui fait. Car celui qui fait, il a au moins le courage de faire. Celui qui commet un crime, il a au moins le courage de le commettre. Et quand on le laisse faire, il y a le même crime ; c’est le même crime ; et il y a la lâcheté par dessus. Il y a la lâcheté en plus.

Il y a partout une lâcheté infinie.

Complice, complice, c’est pire qu’auteur, infiniment pire. »

Charles Péguy
Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc

vendredi 6 avril 2007

Un(e) sale con(ne) en cachera-t-il toujours un(e) autre ?

Et une nouvelle histoire avant le week-end…


Remarque liminaire :
pour des raisons de facilités d’écriture, il ne sera par la suite question que de « sales cons » au masculin. Je tiens à préciser que certains de ces sales cons étaient (ou sont) des « sales connes »...

Dans mon entreprise, depuis dix ans, c’est la valse des « hiérarchiques ».
Cela a commencé lorsque le nouveau directeur de département (que, pour la suite de l’histoire nous appellerons SC1, sale con n° 1) a considéré qu’il ne pouvait pas manager « en direct » tout son petit monde, comme c’était le cas précédemment. Il a donc nommé des chefs de service qui, rapidement, pour certains, se sont révélés être des « sous-sales cons ».
Pourquoi ? Premièrement, parce qu’ils n’avaient aucune légitimité d’encadrement, en tout cas pas de légitimité interne, si ce n’est celle de former la « garde prétorienne » du directeur de département.
Deuxièmement, parce que, dans une structure jusque-là peu hiérarchisée, avec une assez faible division du travail, les nouveaux chefs de service ont dû justifier leur poste en « piquant » le travail de leurs subordonnés ou en dessaisissant ceux-ci d’une partie de ce travail, généralement la partie gratifiante, et en leur laissant les tâches subalternes. D’où frustration pour les dits subordonnés et impression de déqualification.

On peut donc en tirer une première règle de reconnaissance des sales cons en entreprise : c’est quelqu’un(e) qui vous dit « il n’y a pas de honte à faire ceci ou cela », sachant que ceci ou cela, c’est le boulot que l’on confie aux débutants et/ou aux stagiaires, et que lui, le sale con d’enfoiré, se garde le boulot chic (les relations avec l’extérieur, les fournisseurs ou les clients, par ex.).
Tout cela – et d’autres choses encore – fait que, après avoir échangé quelques noms d’oiseau avec « mon » « sous-sale con » (que je nommerai SC2), et que celui-ci ait accumulé un certain nombre de boulettes, coûteuses pour la boîte, il a choisi de démissionner avant qu’on ne le foute dehors.
Exit donc SC2 (qui, au passage, n’a pas réussi, par la suite à aller au-delà de sa période d’essai dans son nouveau job…). SC1 lui embraya le pas quelques semaines plus tard, mais, cette fois, vertement remercié.
Débarque un nouveau directeur, qui maintient l’organisation précédente, et commence par entretenir des rapports plutôt affables avec ses nouveaux subordonnés. Rapidement toutefois, le « nouveau » va devenir SC3.

Fort de ce qui suivra, je peux en tirer une deuxième règle de reconnaissance des sales cons en entreprise : le sale con se présente toujours, dans une premier temps, sous le meilleur jour. Mais, chassez le naturel, etc., vous connaissez la suite. À se demander si, pour bien travailler avec quelqu’un, on n’aurait pas intérêt à se fritter « sévère » dès le départ avec lui en se disant qu’après, cela ne peut que mieux se passer…
Corollaire : en quelques mois, SC3 m’a rendu SC1 presque sympathique (« On sait ce qu’on perd, etc. »). Là où SC1 défendait ses troupes et montrait de l’empathie à leur égard, SC3 se la jouait totalement « perso » : moi, mes résultats, mes chiffres et, donc, « ma-prime-à-moi ».
Sauf que, les résultats n’arrivant pas à remonter, on finit par faire comprendre à SC3 qu’il était temps d’aller voir ailleurs.
Vacance du pouvoir ; on respire un grand coup avant que ne débarque SC4.
SC4, bien sûr « super-sympa » les premiers temps (cf. supra), ouvert, réceptif, à l’écoute, et patin couffin. Mais SC4 qui, plutôt que de travailler en direct avec moi, finit par me mettre sous la coupe de SC5. Là je savais que c’en était un vrai (de sale con) ; restait à l’éprouver. Ce fut rapide : re-noms d’oiseaux (mais cette fois des beaux, des vrais !), harcèlement, agressivité, dénigrement, dénonciation à SC4 de faits réels – mais biaisés – et/ou imaginaires.
Bref, le pervers à donf, le modèle pour tous les disciples de Marie-France Hirigoyen, « modèle » que l’on garde tant qu’il a des résultats (car, avec de telles techniques, on arrive à avoir des résultats).

Expérience qui me permet de tirer une troisième règle de reconnaissance des sales cons en entreprise : le sale con prototypique, c’est le spécialiste de la « double contrainte ». La personne qui vous dit de faire quelque chose tout en vous refusant les moyens pour l’exécution de cette tâche ou en vous reprochant d’avoir utilisé les moyens qu’elle vous avait proposés juste avant.
Éternel recommencement nietzschéen appliqué à l’entreprise : SC5 part, discrètement mais honorablement, la DRH ayant sous doute trouvé dans son « dossier » de quoi le convaincre d’envisager ce que l’on appelle maintenant pudiquement un « départ négocié ».

C’est aussi le moment de souligner que, pour ce qui est de la DRH, il est possible de créer une catégorie SCP (= sale con permanent, qui échappe à toute chronologie).
Et, par la même occasion, de tirer une quatrième et une cinquième règle de reconnaissance des sales cons en entreprise : le sale con fonctionne mieux à plusieurs ; le couple de sales cons fonctionne d’autant mieux qu’il reprend le vieux modèle « gentil flic / méchant flic ».

Pour revenir à mon histoire, aujourd’hui reste SC4, de plus en plus autoritaire, soufflant le chaud et le froid avec ses collaborateurs, préférant les cantonner dans des tâches déqualifiées (au cas où ceux-ci prendraient la grosse tête ou voudraient lui contester son autorité « intellectuelle » ; cf. règle 1 de reconnaissance des sales cons).
Jusqu’à quand ?
Car SC4 est, depuis peu, chapeauté par SC6, nouveau DG, cost-killer de première, qui lui mène une vie d’enfer… (Mais ça, c’est aussi une autre histoire, une histoire de phynances, et des pompes qui vont avec, dans le monde merveilleux des Grands Groupes Industriels Internationaux.)
Alors ? À suivre !

Conclusion (temporaire) : « Les cons, ça ose tout, c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît » faisait dire Michel Audiard à l'un des personnages des Tontons flingueurs.
J’ajouterai : « Les sales cons, quand on les reconnaît, c’est trop tard… »

mardi 3 avril 2007

Le sale con gentil ou comment être un sale con sans se fatiguer

Et voici une nouvelle histoire reçue aujourd'hui.

Je travaille dans une organisation dans laquelle, heureusement, nous n'avons pas vraiment de "sale con". Je prends le sens réducteur de la définition de ce blog : une personne qui méprise ses collègues de travail, qui les rabaisse (préférentiellement en public), qui fait preuve de mauvaise foi, etc.

En revanche, j'ai, dans ma hiérarchie, ce que j'appellerais des "sales cons gentils", qui peuvent faire autant de dégâts. Je suis d'une nature plutôt positive, et plutôt optimiste. J'ai donc régulièrement proposé des améliorations, ou ai souligné des problèmes de fonctionnement / d'organisation.
Le sale con tout court m'aurait convoqué, ou engueulé en public, ou tourné en ridicule (tout ceci n'est jamais agréable). Le sale con gentil m'a dit régulièrement : "Super, eh bien, on va constituer un groupe de travail qui va faire des recommandations, est-ce que tu veux bien t'en occuper ?" Forcément, j'étais piégé, puisque j'avais proposé que les choses changent. Au fil des années, je me suis donc retrouvé dans plusieurs commissions, groupes de travail, groupes de réflexion, nous avons beaucoup discuté, souvent en dehors des heures de travail, nous avons pondu des textes, nous nous sommes enthousiasmés sur des solutions, puis nous avons transmis à notre hiérarchie. Qui a continué son petit bonhomme de chemin sans se soucier de lire, ou de répondre.


Bilan : énormément d'énergie gâchée, et une motivation qui dégringole parmi les quelques bénévoles qui s'étaient regroupés, et qui se jurent bien qu'on ne les y reprendra plus.

Moralité : comment juguler les individus révolutionnaires, parce
que créatifs, dans une organisation ? Faites-les travailler sur le problème, ils vous laisseront tranquille pendant ce temps, car ils feront leur travail
sérieusement, puis jetez leur rapport à la poubelle. Beaucoup moins fatigant que d'être un sale con méchant, et cela donne les mêmes effets au final (avec juste un peu plus de subtilité, et un peu moins d'insultes).

lundi 2 avril 2007

Travailler avec Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant

Une nouvelle histoire de sale con. Merci à l'internaute qui a pris le temps de le rédiger.


Le 31 mars 07

Cela fait maintenant un mois que je noie mon chagrin dans une sorte d’autoflagellation mentale : « Pourquoi ? », « J’aurais dû… », « Peut-être n’aurais-je pas dû… ». Vaines réflexions quand on considère qu’il existe des histoires sans queue ni tête dont malheureusement nous sommes parfois les tristes victimes. Alors, quand j’ai lu un article concernant votre blog, je me suis dit : « J’en ai rêvé, ils l’ont fait »… Car, oui, les sales cons existent ! Parlons-en haut et fort ! C’est une espèce qui est loin d’être en voie de disparition et qui aurait plutôt tendance à pulluler comme des insectes sur un fumier…

J’ai travaillé pendant 1 an dans une entreprise peuplée de sales cons : 9 salariés, 8 femmes dont 3 étaient des vieilles filles plutôt rondouillardes et mal embouchées, 1 chef, et des alliances, clans, non-dits dignes des feuilletons Dallas et Santa-Barbara. J’ai toujours su qu’une équipe exclusivement féminine n’était pas très saine… mais je pensais naïvement que cela n’existait que dans les usines, où les femmes n’avaient peut-être pas choisi leur situation. Balivernes ! Les femmes SONT des pestes et elles le sont d’autant plus lorsqu’elles ont de l’instruction, un poste à responsabilité et la possibilité de faire la pluie et le beau temps dans l’entreprise.

Lorsque je suis arrivée dans cette entreprise, « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » a été désignée comme mon « référent »… Quelle histoire ! Lorsqu’elle me parlait, j’avais l’impression d’avoir 10 ans : elle articulait chaque syllabe comme si j’étais une attardée mentale et me regardait avec condescendance en penchant un peu la tête de côté et me demandant « Vous croyez que ça va aller ? »… Ma foi, je ne sors pas de l’ENA, mais envoyer un courrier à un stagiaire pour le convoquer à une formation, je crois que c’est dans mes cordes…

Lors de mon embauche, mon chef m’avait demandé de l’autonomie et de l’initiative… Ça tombe bien, j’en regorge !! Au bout de 3 mois, je me suis donc permis d’avancer des idées, suggestions, améliorations… J’aurais mieux fait de me casser une patte ce jour là. « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » s’est sentie insultée, trahie. Comme cette femme n’était pas mon responsable, je ne me suis pas franchement sentie concernée par ses états d’âmes et ai continué ma démarche d’amélioration. Un jour, je me suis permis de proposer un article à mon responsable hiérarchique concernant une 2e de couverture pour le catalogue de formation. Lorsque « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » s’en est rendue compte, elle est venue dans mon bureau pour me dire (véridique !) « Cette article risque fort de vous coûter votre place… Si votre article est meilleur que celui du chef, il se sentira vexé. Il a horreur qu’on ait de meilleures idées que lui. » J’ai attendu, attendu… mais finalement, mon chef a apprécié mon article et l’a fait figurer dans le catalogue ! Tiens, bien fait pour ta tronche vieille bique ! J’ai ensuite proposé des articles pour notre site Internet ; j’avais fait une étude comparative entre notre site et les sites de nos concurrents et j’ai osé (Juste ciel !) dire en réunion qu’il convenait de mettre l’accent sur certains domaines pour concurrencer des organismes de formations voisins du nôtre ! Si « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » et ses copines vieilles filles avaient eu une kalachnikov, je ne serais plus de ce monde ! Je pense qu’elles ont vu cette idée comme une remise en cause flagrante de leurs compétences.

En décembre dernier, deux de mes collègues dont « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » se sont littéralement engueulées dans mon bureau… J’aurais dû (attention ! autoflagellation) sortir de mon bureau, au lieu de quoi j’ai plongé mon nez dans des dossiers en faisant du bruit, histoire de manifester ma présence et leur faire comprendre qu’elles devaient peut-être changer de bureau… Vaine tentative. Après coup, je me demande : et si tout cela n’était qu’un un coup monté ? Après leur engueulade, mon chef m’a demandé des explications. J’aurais dû fermer ma gueule, au lieu de quoi j’ai donné un avis tout à fait neutre, externe, objectif et professionnel sans incriminer aucune de mes collègues. À partir de là, tout s’est précipité dans la plus grande confusion !

Cette entreprise proposait une période d’essai d’une année, ponctuée de trois entretiens individuels pour faire le point. Lors de ces entretiens, mon chef semblait tout à fait satisfait de mon travail : propositions, Internet, travail de qualité. Il a relevé ma bonne intégration dans l’équipe. Lors de mon dernier entretien, fin janvier, j’ai même rajouté que le différend entre 2 de mes collègues ne changerait rien à mon comportement vis-à-vis d’elles et que je continuerai de travailler avec elles comme si de rien n’était. À quoi il a répondu : « J’entends bien que cela se passe ainsi ! ». De la part de mon chef, aucune critique, remontrance, inquiétude !

La semaine avant la fin de ma période d’essai, mon chef est parti en congé à l’étranger. Avant son départ, ce trou du cul (passez-moi l’expression !) est venu au bureau un samedi matin, rédiger une note me concernant qu’il a ensuite déposé dans la boîte à lettre de la Direction. Il espérait que les Ressources Humaines feraient le sale boulot à sa place. Et quel boulot ! J’ai été remerciée sans ménagements, sans explications. La RH m’a convoquée pour me dire que ma titularisation était plus que remise en cause, parce que (attention, accrochez-vous !) j’avais des problèmes relationnels ! ! Ils ont rajouté que j’étais irréprochable d’un point de vue professionnel, mais que l’équipe s’était plainte de mon comportement !! QUI, QUOI, QUAND, POURQUOI ? ? Langue de bois et hypocrisie obligent, je n’ai pas eu de réponses à ces questions. La RH m’a laissée jusqu’au retour de mon chef, pour avoir une explication sur ce problème. Le lundi, à son retour de congé, j’ai donc eu une explication d’une heure avec mon chef.

Ce connard m’a reproché de :

- Envoyer trop de mails !
- Faire partie d’un clan !
- Transférer le standard à une collègue sans la prévenir !

Le problème est que :

- La messagerie est un outil indispensable, forcément j’envoie des mails Ducon ! Et moi, contrairement à d’autres sales connes, je n’envoie pas de mails juste pour dire « Merci !
- Je ne fais pas partie d’un clan. J’ai simplement plus d’affinités et de sujets de conversation avec une collègue. Et lorsque nous parlons, nous ne fomentons pas un complot contre l’entreprise et le reste du monde !
- Concernant le standard téléphonique, je ne savais pas qu’il fallait prévenir 48 heures à l’avance par courrier avec accusé de réception !

Bref, des motifs sans queue, ni tête. Le problème est que le spectre de « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » planait derrière mon chef. Elle doit vraisemblablement le tenir par les couilles. Ce trou duc’ de chef a écouté les oiseaux de mauvais augure, a réalisé une enquête auprès de connasses mal baisées et mal dans leur peau pour savoir ce qu’elles pensaient de moi et a rendu son verdict implacable en me taxant presque de bête de Cromagnon associale. Le plus comique, c’est que j’ai rarement travaillé directement avec mon chef : si nous avons parlé l’équivalent de 7 heures sur toute une année, c’est beaucoup. À aucun moment, il n’a eu de problèmes avec moi. Je me rends compte maintenant, que j’apparaissais comme une menace pour quelques connasses : bien dans ma peau, force de proposition, souriante ; j’avais le contact facile avec les différents interlocuteurs… Bref, je gênais et je faisais de l’ombre à quelques mal embouchées. Le problème c’est que je n’ai rien vu ! ! Ces charognes me parlaient, me souriaient, échangeaient quelques traits d’humour avec moi… Je ne les ai pas vues comme des menaces. Pauvre sotte !

J’ai été remerciée après un an… Sur ma lettre de non-titularisation il est noté que je n’ai pas les compétences nécessaires à ce poste en raison de « ma difficulté d’adaptation et de mon manque d’esprit d’équipe ». Vous y croyez ? Comme s’il fallait attendre 1 an pour se rendre compte de ce genre de chose ! ! Hallucinant ! J’ai été mise au courant des ces griefs le dernier jour de ma période d’essai à la dernière heure…

Le plus triste dans cette histoire, c’est que cette rupture est si grotesque que j’ai finie pas me convaincre que j’avais peut-être des difficultés d’adaptation et des problèmes relationnels. On n’est jamais vraiment objectif avec soi-même. Là où je me suis vraiment rendue compte que cette histoire n’est qu’une vaste fumisterie, c’est lorsque j’ai réalisé un test psychotechnique dans une agence intérimaire. Devinez quel est mon potentiel de communication et de relationnel ? 96 % ! ! Si avec ça je ne suis pas ouverte et communicante, je ne sais pas qui l’est ! !

PS : Happy birthday !
Le jour de son anniversaire, mon chef a débarqué au bureau au moment de la pause. Je prenais l’air dehors en compagnie de « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » (avant que je ne sache qu’elle n’était qu’une raclure de fond de bidet). Lorsque je l’ai vu, j’ai dit « Tiens, aujourd’hui, c’est son anniversaire… Ce serait sympa de le lui souhaiter. » Sur quoi « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » s’est écriée « Surtout pas ! On ne connaît pas son humeur ! Si vous lui souhaitez, ça risque de le vexer… Ne le faites surtout pas ! ». Ah bon. J’ai donc échangé le « Bonjour » d’usage avec mon chef et suis retournée vaquer à mes occupations dans mon bureau. À peine étais-je assise que j’ai entendu « Miss-j’me-tartine-d’auto-bronzant » lancer un tonitruant « Joyeux anniversaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiire ! »…

Il avait l’air plutôt content qu’on le lui souhaite ! ! Peut-être les sales cons ne s’entendent-ils qu’entre eux ? !

Bientôt en librairie


Objectif Zéro-sale-con part aujourd'hui dans les librairies. Il sera donc normalement disponible entre demain mardi et vendredi prochain suivant les lieux de vente.

En attendant, vous pouvez lire l'article sur le livre paru dans le Journal du Dimanche du 1er avril : "La vie de bureau fait un tabac" ou celui paru dans le supplément papier du week-end du journal L'Alsace/Le Pays, "Sale temps pour les sales cons".
La parution a également été annoncée au journal d'Europe 1 ce matin (éditions de 5h et de 7h).