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ETES-VOUS UN SALE CON ?

mercredi 28 mars 2007

Manager les sales cons du Web

Nous traduisons aujourd'hui un billet de Robert Sutton sur un sujet encore plus inépuisable que les sales cons au travail : les sales cons sur le Web... En français, à lire impérativement sur le sujet : l’article (informatif, érudit, utile et drôle) "Qu’est-ce qu’un troll ?"

Adapté du billet de Robert Sutton "On line asshole management".


Objectif Zéro-sale-con se focalise sur la façon dont les organisations classiques peuvent (et doivent) mettre en place des règles pour empêcher les gens de se comporter comme des connards. Mais depuis que j’ai commencé à tenir un blog, on m’a expliqué comment des règles équivalentes existent sur les communautés du Web.
Il y a quelques mois, mon adolescent de fils m’a fait lire une "conversation" (un chat) entre des participants à des jeux en ligne. La discussion avait commencé lorsqu'une personne avait été exclue pour avoir demandé qu’on lui vende de la drogue. Là, la conversation était partie avec 10 personnes parlant des pires connards et trous du cul qu’elles avaient jamais rencontrés sur le Web, par exemple celui qui avait commencé la discussion en employant le mot « gay » comme une insulte. Le groupe avait ensuite décidé d’établir une "règle des trois attaques" : "Nous utilisons le silence comme message d’avertissement aux personnes causant des problèmes et, après trois incidents, les excluons définitivement."

J’ai donc commencé à interroger mes amis adeptes de jeux en ligne, pour savoir s’ils ont aussi des règles de ce type et j’ai appris que, par exemple, dans "World of Warcraft", des "guildes" rédigent des règles détaillées, avec en général une procédure pour expulser les connards. Un joueur lecteur de mon blog m’a également envoyé des liens avec les règles d’or de l’Internet. Je ne comprends pas tout parce que ces règles s’appliquent aux jeux, mais je comprends bien quand ils disent exclure les images pornographiques, le racisme… Et voici mon article préféré, à la fois subtil et irréfutable :

Trolling
Cela se définit comme : "chercher à être aussi énervant que possible tout en respectant les règles". Il semble qu’il y ait une frontière très étroite entre être énervant et être drôle. Ceux qui la franchissent – que ce soit par manque de connaissance du fonctionnement des forums, ou par une volonté tordue d’attirer l’attention sur eux – seront exclus.


Et dans la communauté Wikemedia, j’adore ce conseil (dans "Ne soyez pas un connard") :
Si vous avez été estampillé comme un connard, ou si vous suspectez vous même en être un, le premier pas est de le reconnaître. Demandez-vous ce qui peut causer ce sentiment. Changez votre comportement et la façon de vous présenter. Le cas échéant, excusez-vous auprès de ceux envers qui vous vous êtes comporté comme un connard. Il n’y a pas de problème… Les gens prendront note de votre bonne volonté et vos efforts iront de pair avec la remontée de leur considération.


En tant que chercheur qui étudie les organisations, je suis vraiment subjugué par la façon dont ces normes sont clairement établies sur le Net. Et bien qu’il y ait des discussions et des ambiguïtés, par le fait qu’il y a un consensus remarquable sur ce que cela veut dire, être un sale con du Web.

"Gentil(e) n'a qu'un oeil !"

Merci à la personne anonyme qui nous a adressé cette histoire :

Cela fait presque 20 ans que je travaille dans la même entreprise. J'ai pu voir défiler un bon nombre de personnes: des sympathiques, des collants(es), des simplets(tes), des extravertis(es), des boutes-en-train. Tous ces traits de caractères très différents, pouvant être pesants parfois, créent plutôt une ambiance de travail positive.

Mais revenons à l'essentiel, est-ce que j'ai connu ou connais un sale con ? OUI, je le crie haut et fort, ils s'accrochent à l'entreprise comme ces petits mollusques, vous savez, enfant, on les appelle "les chapeaux chinois", c'est laid, ça n'a aucun intérêt gustatif, ça vous blesse les pieds quand vous marchez dessus et surtout c'est impossible à décrocher du rocher sur lequel il a jeté son dévolu.

Y'en a un(e) comme ça dans ma boîte, au début, on ne s'en rend pas vraiment compte, il (elle) est plutôt souriant(e), toujours très poli(e) en société, vous remercie à chaque fois que vous lui envoyez un mail (même pour ceux dont la réponse n'a aucun intérêt si ce n'est de vous saturer votre boîte mail de mercis !) mais vous sentez bien qu'il y a quelque chose qui cloche, trop c'est trop et comme me disait ma mère quand j'étais enfant : Gentil(le) n'a qu'un oeil !

Avec le temps, il (elle) se dévoile, discrètement, il (elle) est futé(e) comme un renard, attendra le moment opportun, souvent durant une réunion avec toute votre direction générale, pour lancer, une petite phrase perfide dont le seul but n'est pas le dialogue, la concertation, la réflexion mais l'abaissement ou, encore meilleur, de vous dépouiller de votre idée et de se l'accaparer, laisser entendre que votre travail a mal été accompli, ou encore de faire capoter un de vos projets (projet d'ailleurs qu'il (elle) vous a demandé : quand vous avez tout ficelé, il (elle) vous regarde avec un gentil sourire accroché comme une lune sur son visage et vous dit : "J'ai changé d'avis, j'en veux plus, le marché a changé en 3 mois !") , et vous étant donné qu'(il) elle a un poste important dans l'entreprise, vous ravalez votre salive, il (elle) vous regarde droit dans les yeux, toujours avec ce sourire béat : vous êtes son paillasson et (il) elle prend du plaisir à décrotter ses chaussures sur vous.

Étant de nature plutôt impulsive, une fois j'ai craqué, suite à une réunion où il (elle) nous avait encore fait son show (vous savez, version Sir Hiss, le serpent bigleux "persifleur" dans le dessin animé Robin des Bois), je suis allée le (la) voir dans son bureau pour avoir une explication quant à son comportement et là, on a touché le fond, il (elle) était désolé(e), n'avait pas voulu me contrarier, vraiment il (elle) ne voyait pas le problème….

Il lui arrive de me harceler de 10 mails par jour juste pour me demander de traiter à sa place un envoi, c'est-à-dire qu'il (elle) m'indique tous les éléments nécessaires pour l'envoi et me demande de l'envoyer à sa place avec toujours la même petite phrase : "Peux-tu t'en occuper ?" Quel intérêt si ce n'est lui faire perdre du temps, me faire perdre du temps et encore me traiter comme son paillasson ? Je rappelle que je ne travaille pas dans son service !

Comment réagir, vous ne pouvez pas vous mettre à hurler devant votre DG, vous n'êtes pas dans une cour d'école, alors quoi faire ? Durant ces moments, le sang me monte au visage, je me déconcentre, me tortille sur mon fauteuil, une envie énorme me prend de lui mettre mon poing sur la gueule, mais pareil, je passerais pour l'hystérique de service.

Je vous ai brossé le tableau, le temps me manquant un peu, j'essaierai de vous donner la suite dans quelques jours…

mercredi 21 mars 2007

Nous sommes tous des sales cons

Adapté du billet de Robert Sutton "Assholes are us"


Guy Kawasaki a posté un billet intitulé « Votre patron est-il un sale con ? » Il y dresse une liste opérationnelle et quelque peu effrayante des choses que peuvent faire les patrons qui sont des sales cons, comme téléphoner le samedi, saboter la carrière des autres, les considérer essentiellement comme des moyens de satisfaire leurs propres besoins, et encore bien d’autres choses ignobles et beaucoup trop courantes. Ce que je voudrais ajouter, c’est qu’il est important de se souvenir que, bien que certaines personnes aient plus de disposition que d’autres, le pouvoir peut transformer n’importe lequel d’entre nous en sale con.

Devenir un sale con, cela n’arrive pas qu’aux autres et cela peut arriver potentiellement à des gens merveilleux tels que vous et moi : chacun de nous encourt ce risque. Comme j’aime à le dire : nous sommes tous des sales cons.
Si vous vous retrouvez dans une position puissante, il y a plusieurs choses que vous pouvez faire pour éviter de devenir un sale con, pour combattre votre propension à vous focaliser sur vos propres besoins et votre tendance à agir comme si les normes sociales ne s’appliquaient pas vraiment à vous.

1. Éliminez au maximum les différences de pouvoir inutiles entre vous et les autres.
Il y avait une chouette histoire, qui montrait bien comment s’y prendre, dans le New York Times, au sujet du nouveau directeur de Home Depot, Frank Blake. Il a éliminé le restaurant de la direction, ce qui fait que les cadres dirigeants doivent désormais se rendre à la cafétéria des employés, comme tous les autres salariés. Il a réduit son propre salaire et, ce qui me paraît plus intéressant encore :
« M. Blake a distribué une vieille illustration, appelée la “Pyramide Inversée” qui expose le détail de la hiérarchie d’une entreprise, en plaçant les clients et les employés au-dessus du directeur, qui est en bas. L’image a commencé à se multiplier dans les salles de détente et dans les bureaux de toute l’entreprise. »


2. Si vous n’en avez pas déjà, trouvez-vous des amis et des collègues capables de vous avertir quand vous vous comportez comme un sale con. Et s’ils vous le disent, écoutez les. Souvenez-vous, le pouvoir vous empêchera de voir que vous agissez comme une enflure et que vous blessez les autres. Si les autres vous disent que vous êtes un sale con ou s’il y a d’autres signes d’avertissement (faites le test) et que votre réaction est de considérer qu’ils ont tort, il y a de fortes chances pour que vous vous trompiez.

3. Et encore mieux, confiez à vos subordonnés la responsabilité de vous dire à quel moment vous vous êtes comporté comme un sale con – et arrangez-vous pour que cela ne leur retombe pas dessus !